Démarche citoyenne de transition et résilience pour une commune de l’est lyonnais.
Jean-Pascal Bois, membre d’Adrastia depuis mai 2019, responsable du groupe local Adrastia Lyon, est ingénieur et habite Chassieu (Rhône). Il témoigne ici de la démarche qu’il a entreprise afin de solliciter les candidats aux municipales et de vérifier l’adhésion de la population à ce qu’il perçoit comme une situation d’urgence.
J’ai toujours ressenti un malaise lié à la situation écologique de la planète, mais ma prise de conscience de l’urgence, début 2019, a suscité une irrépressible envie d’agir et de partager la situation autour de moi.
Premières démarches locales
Après une phase de six mois passée à étudier les rapports du GIEC, les travaux du site SOS Maires, du réseau des Villes en Transition, et beaucoup d’autres, le sentiment d’isolement que j’ai ressenti m’a amené à rechercher un groupe de soutien, de réflexion, et d’échange. Les vidéos de Vincent Mignerot trouvées sur le net m’ont fait découvrir Adrastia. Séduit et rassuré de trouver un groupe sérieux, ayant une vision de l’avenir proche de la mienne, j’ai rapidement adhéré à l’association. Je me suis ensuite proposé comme responsable du groupe lyonnais, afin de pouvoir organiser des rencontres pour se soutenir, réfléchir, et fédérer nos idées d’action.
Pour ce qui concerne l’action, j’ai choisi le niveau local : j’ai réuni en septembre 2019 un groupe d’amis de ma commune, pour leur parler de la situation climatique, du risque de déclin de la société, et leur demander leur aide pour agir. Je souhaitais mettre en œuvre la démarche de « SOS maires », en visant la résilience de ma commune et, par extension, celle de la métropole lyonnaise.
L’idée que je leur ai présentée était de rencontrer les quatre listes de la commune aux élections municipales, pour les solliciter sur le projet de résilience que j’avais préparé. Mes amis m’ont permis d’affûter mon argumentaire (lettre aux candidats, diapositives résumant le projet) et de tester l’approche fondée sur mes recherches. Je les en remercie, même s’ils n’ont pas pu s’impliquer davantage, par manque de temps.
Les rencontres avec les quatre têtes de liste, durant l’automne 2019, ont été intéressantes. Elles ont permis de me faire connaître et de poser la thématique de la résilience avec des gens parfois déstabilisés par la notion d’effondrement. Je leur ai aussi proposé mes connaissances pour travailler ensemble à leurs programmes.
J’ai en parallèle déposé le courrier que j’ai adressé aux élus, sur le site de pétition change.org afin de mesurer l’adhésion de la population locale. Le compteur de signatures progresse, doucement.
Un projet qui prend forme et suscite l’intérêt
Mon projet se résume en trois axes majeurs (voir les planches ici) :
- Ville nourricière : viser l’autonomie alimentaire au travers de la permaculture
- Ville sobre et autonome en énergie : neutralité carbone, auto consommation, centrale villageoise, recyclerie, low tech…
- Ville égalitaire et de soutien : réseau d’entraide, de cohésion et de justice sociale
Quelques temps après, la liste proche des Verts m’a contacté pour des réunions de travail et pour intégrer leur liste (même si cela m’a tenté un moment, j’ai décliné cette dernière offre, ma démarche se voulant citoyenne, et apolitique). Ils ont aussi organisé la projection publique du film Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent, et m’ont demandé d’y assister pour répondre aux questions, ce qui m’a permis de communiquer sur le projet et de rencontrer des gens désireux d’en savoir plus.
D’autres listes ont, semble-t-il, repris quelques-unes des idées que je leur avais soumises, je l’ai constaté en recevant leurs tracts électoraux.
Ces premiers résultats m’ont rassuré sur la crédibilité de ma démarche.
Le réseau s’étoffe et s’étend via Adrastia
Fin 2019, le conseil d’administration d’Adrastia m’a nommé responsable du groupe local lyonnais : j’ai donc initié des réunions mensuelles à partir de novembre 2019. Je les ai voulues comme des moments de détente (à l’heure de l’apéro !), de partage, de soutien, et de mise en action au niveau local. La présence régulière des membres et le côté sympathique de ces réunions m’ont aussi permis de me sentir soutenu et cela a renforcé ma motivation à agir.
Durant ces réunions, certains membres ont émis le souhait de porter le message de la résilience dans leur commune. D’autres m’ont mis en contact avec des candidats aux élections en région lyonnaise, que j’ai rencontrés pour partager ma démarche. Le soutien des membres est bien sûr précieux pour rendre toute la métropole plus résiliente.
Grâce au réseau national d’adhérents Adrastia, j’ai également accédé à d’autres porteurs de projets pour renforcer ma démarche (projet opérationnel d’éco-hameau, living lab, initiatives comme la Fresque du Climat…), et être encore plus crédible vis-à-vis de mes interlocuteurs.
Mon réseau a donc rapidement grandi.
Un plan d’action et des projets en vue
Je me suis aussi fait connaître sur le site du Pacte pour la Transition. Cela m’a permis de rencontrer un autre citoyen de Chassieu, aussi motivé que moi pour agir dans la commune. Nous travaillons ensemble depuis janvier 2020, ce qui fait beaucoup de bien. Nous avons réussi à revoir quelques-unes des listes et à obtenir leur signature du Pacte pour la Transition. Motivés par ce succès, nous avons pour projet de nous monter en association et de rallier d’autres habitants à notre cause.
Pour donner plus de poids et faire savoir ce que nous faisons, j’ai aussi contacté un journaliste du Progrès (le journal local), qui a adhéré à la démarche et devrait publier un article sur nos actions. Il souhaite aussi me mettre en contact avec des activistes de sa propre commune, car il est également très sensible à la démarche.
Notre plan d’action pour l’après élections municipales est le suivant :
1 Faire connaître notre action auprès des citoyens et renforcer le groupe
- Organisation d’un cycle de conférence dans la commune. La première est prévue avec Vincent Mignerot. L’idée est de présenter la situation climatique et les perspectives pour les villes lyonnaises afin de faire savoir aux gens ce qu’il se passe.
- Par la suite, une deuxième conférence serait organisée pour présenter les actions liées au projet de résilience communale, et mettre élus, entreprises et habitants en mouvement.
- Nous prévoyons aussi une Fresque du Climat.
2. Obtenir que la mairie se déclare Ville en Transition et valide les trois axes du projet
- Se rencontrer pour une revue des engagements pris via la signature du Pacte pour la Transition
- Proposer de rejoindre le réseau des Villes en Transition, et de créer un Conseil Écologique de la Transition, conseil citoyen visant à valider ou refuser les projets selon des critères écologiques.
- Proposer de monter une équipe de pilotage (élus et citoyens) pour lancer chacun des trois axes du projet.
- Rencontrer et susciter des initiatives similaires dans les communes voisines, la métropole, en utilisant entre autres le réseau du groupe local Adrastia.
Nous visons, par ces actions, à approcher l’autonomie et la résilience de la commune (voire au-delà) à la fin de la mandature (2026). Cet objectif est ambitieux et il reste encore un long chemin à parcourir.
Une expérience à poursuivre et à partager
Mais, même si des difficultés se présentent, notre motivation reste grande, car notre moteur interne repose sur la volonté de proposer un monde vivable à nos enfants.
De plus, la mobilisation progressive et les retours favorables des personnes rencontrées sont très motivants. C’est même le premier enseignement que je retire de cette expérience : se mettre en mouvement permet de faire avancer la cause, certes, mais aussi de se sentir soutenu et de se maintenir en situation de résilience intérieure, ce qui est essentiel !
Si vous souhaitez soutenir la démarche, voici le lien vers la pétition que j’ai lancée
Et pour ceux qui veulent s’en inspirer, je serai bien sûr enchanté d’en discuter, pourquoi pas au travers de nos rencontres mensuelles Adrastia. Alors à bientôt !
Voir les diapositives de ce projet.