Jérôme Liévois

Géologue préventionniste en retraite, pendant plus de quarante ans j’ai expertisé des zones de montagnes recelant des risques « naturels » pour les humains, leurs biens et leurs activités. Cela comprenait l’expertise des phénomène potentiels, la participation active à la gestion des crises, la programmation de travaux préventifs ou curatifs ainsi que l’entrainement des populations concernées et de leurs élus à participer à la stratégie de prévention.

Mais voilà, je ne traitais que des crises géographiquement circonscrites avec l’espoir d’un retour à la normale grâce à l’aide de la puissance publique.

Il y a une dizaine d’années, à la suite de lectures des publications d’Edgar Morin mais aussi d’Emmanuel Todd, je me suis posé deux questions :
- Que se passerait-il si la puissance publique venait à s’effondrer ?
- Peut-on avoir une situation d’effondrement sans limites géographiques ni espoirs de retour à la normale.
Père de quatre filles et grand-père de sept petits enfants, ces questions me sont devenues brulantes.

C’est J-M Jancovici qui m’a apporté un début d’éclairage, puis Jean-Baptiste Fressoz, Vincent Mignerot et Artur Keller m’ont définitivement convaincu que cet effondrement était inéluctable, sans que l’on puisse ni décrire le scénario, ni la chronologie de celui-ci, mais que nous pouvions nous y préparer dès maintenant.

Habitant un village de mille habitants en moyennes montagnes, j’ai décidé de m’y investir par la voie associative. Je préside une association qui entretient des chemins ruraux et organise des évènements ainsi que des promenades. Je suis également membre de la chorale communale, du club de théâtre ou de l’atelier « vannerie » du chef-lieu de canton. Mon objectif premier est de participer à la culture du lien local entre toutes les composantes d’origine variées de ce bassin de vie.

Par ces activités simples, J’ai l’espoir d’un entrainement local à coopérer sans hiérarchie et sans avoir besoin de convaincre au préalable l’ensemble de mes concitoyens du caractère inéluctable d’un effondrement généralisé.

Mon adhésion à ADRASTIA et ma participation au C.A. s’inscrivent dans une volonté de partager nos expériences individuelles dans ce domaine de l’entrainement à la coopération locale, avec l’attente que chacun puisse dépasser sa crises d’anxiété et participer à l’écriture du récit d’un futur apaisé et épanouissant pour tous.

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